Le besoin de contenu authentique 
Anne Katrine Vallentin, influenceuse de 22 ans, a fait le pari de montrer au monde sa propre version de la vie avec les chevaux. Avec de son Fjord de 10 ans, Atom, ils rassemblent plus de 40 000 abonnés sur Instagram, et sont aussi présents sur Youtube et Tiktok. Anne Katrine s’adonne au cross et au CSO – Atom est donc un peu hors-normes, puisque les Fjords ne sont généralement pas associés à ces disciplines.  

Lors de notre entretien avec Anne Katrine, elle nous a expliqué qu’elle gère ses réseaux sociaux de manière à promouvoir du contenu authentique auquel un grand nombre de cavaliers peuvent s’identifier. Elle se souvient que, quand elle était jeune, elle était frustrée de voir toutes les plateformes en ligne inondées de cavaliers aux vies et aux chevaux parfaits. Personne n’avait de mauvaises journées ou de chevaux malades. Elle comparait ces profils avec sa vie et se disait que quelque chose n’allait pas chez elle.  

« Quand j’ai créé mon profil, j’ai vraiment voulu montrer tous les aspects de la vie de propriétaire, parce que je savais exactement ce que c’était d’être de l’autre côté de son écran. » 

Pour elle, il est important de pouvoir s’identifier avec ce que l’on voit sur les réseaux sociaux. C’est pourquoi elle publie aussi les moments où elle est démotivée, quand ses chevaux sont malades, quand elle chute, quand elle fait tomber des barres, mais aussi les moments où elle s’amuse et les aspects positifs de sa vie de cavalière.  

Publier du contenu « imparfait », est-ce-que ça fait peur ?  
« Oui, ça fait super peur, car c’est juste un aperçu d’expériences vécues dans la vraie vie. Je parle ouvertement du combat de mon cheval contre les ulcères d’estomac, et je sens que certaines personnes me jugent. Mais, la plupart du temps, les commentaires sont positifs. » 

Anne Katrine explique que, depuis qu’elle a partagé les symptômes de son cheval liés aux ulcères d’estomac, de nombreuses personnes lui ont dit que leurs propres chevaux avaient les mêmes symptômes et qu’elles comptaient donc les faire examiner par un vétérinaire. Ce genre de commentaires, explique-t-elle, la motive à partager d’autres situations difficiles et à se montrer vulnérable, au risque de recevoir des commentaires négatifs. 

Conseils liés aux réseaux sociaux  
« Je réponds généralement aux gens qui laissent des commentaires négatifs, parce que je veux pouvoir justifier pourquoi je fais ceci ou cela. » 

« Suivez votre instinct. Si on vous dit quelque chose de ridicule, ne laissez pas le commentaire vous atteindre. » 

Anne Katerine préfère les gens curieux qui demandent « Pourquoi fais-tu comme ça ? » plutôt que ceux qui accusent, qui reprochent ou qui laissent des commentaires négatifs. En effet, elle a alors l’occasion d’expliquer ses choix, et elle, tout comme la personne qui a posé la question, peuvent en apprendre davantage sur les chevaux. 

Quel est le principal avantage d’un profil authentique ?  
« Les réactions de mes abonnés, qui apprécient mon honnêteté et qui peuvent s’identifier à moi. Je veux encourager les cavaliers à montrer leur vraie vie. » 

Si vous cherchez du contenu auquel vous identifier, qui montre des imperfections, Anne Katrine recommande les comptes suivants : 

@lene_olesen  

@camillastormont  

@fjordhorseequestrian

Une nouvelle tendance : les hashtags militants
Récemment, des hashtags comme #bodypositive et #blacklivesmatter ont joué un rôle transformateur, en donnant à tout un chacun, et ce peu importe l’endroit où l’on se trouve, le pouvoir de se faire entendre en créant un véritable sentiment d’unité.

Malene Charlotte Larsen, spécialiste des réseaux sociaux, donne le conseil suivant : aidez-vous les uns les autres et ne vous contentez pas d’être simple spectateur. Si vous recevez des critiques non sollicitées ou si vous êtes victime de harcèlement, dites quelque chose, sensibilisez l’autre de manière respectueuse, et faites savoir à tous que de tels comportements sont inacceptables.

Ensemble, on peut faire changer les choses. Utilisez le hashtag #realhorsecontent (« contenu équestre authentique ») et publiez des moments véritables et authentiques de votre vie de cavalier. Soyez-en fier. On est tous dans le même bateau.

Les conseils de Malene  

  • Reprenez le contrôle sur votre flux d’actualité 
    Pour ce faire, organisez ce flux de manière à mettre en avant du contenu qui correspond à vos besoins. Il peut par exemple être utile de suivre des cavaliers qui partagent aussi du contenu « imparfait ». 

  • Masquez certains profils 
    Prenez le temps de vous poser la question suivante : les personnes auxquelles je suis abonné m’aident-elles à me sentir mieux ? Si vous trouvez que vous désabonner complètement de certains comptes semble trop radical, vous pouvez masquer ces derniers pendant 30 jours et voir comment vous vous sentez au terme du mois écoulé. 

  • Prenez la parole  
    « Ce qui fonctionne bien, d’après moi, c’est de dire clairement à la personne visée : ‘ce commentaire m’a blessé’. Par ailleurs, il est important de se soutenir entre utilisateurs : si vous êtes témoin d’une situation similaire, ne vous contentez pas d’être un spectateur et dénoncez les comportements inacceptables. Cela aura un effet autorégulateur. » - Malene Charlotte Larsen  

Le monde équestre est relativement isolé : c’est une passion unique et les intérêts sont assez spécifiques, ce qui encourage un sens accru de la communauté mais induit aussi une vulnérabilité exacerbée. C’est un véritable cercle vicieux. D’un côté, on veut faire partie de la communauté, suivre les bonnes personnes et être au courant de leur actualité. Mais, de l’autre, cette tendance peut renforcer les ressentis évoqués par Sanja. Malene explique :  « Ce sentiment de ‘politiquement correct’ qu’on peut ressentir envers d’autres cavaliers peut parfois nous empêcher de supprimer son propre profil ou de se désabonner de certains comptes ». 

Malene et Sanja s’accordent sur le fait que suivre ces autres cavaliers peut aussi comporter des avantages, même si parfois, certaines pages peuvent déclencher des émotions négatives. 

« Je récupère des idées d’exercices et d’entraînements, mais aussi des astuces de soins aux chevaux, sur des pages de cavaliers expérimentés, voire de professionnels du milieu », explique Sanja. 

Dès lors, si les réseaux sociaux nous permettent d’un côté d’avoir de bonnes idées, de s’inspirer de personnes compétentes, mais de l’autre nous donnent l’impression de ne pas être à notre place et nous font culpabiliser, comment peut-on briser cette spirale infernale ?  

Comment Sanja gère ses réseaux sociaux  
Sanja trouve du réconfort et de l’inspiration en se connectant avec des personnes qui sont dans la même situation et qui ont la même approche qu’elle. Cela lui permet de garder les pieds sur terre et de se libérer de la mauvaise habitude qu’on peut avoir de se comparer aux profils en apparence parfaits. 

Essayez de ne pas vous comparer aux autres, même si ça peut parfois être utile. Mais connectez-vous surtout avec d’autres cavaliers qui partagent les mêmes expériences que vous et peuvent vous soutenir dans des situations comparables. 

N’oubliez pas qu’il n’y a pas de critères universels auxquels se comparer : vous êtes exactement là où vous devez être dans votre progression, votre aventure est unique.  

Restez fidèle à vous-même, donnez la priorité à votre propre développement et à celui de votre cheval. Vous n’avez rien à prouver à qui que ce soit. 

Suivez des pages qui publient du contenu réaliste et authentique. 

Oubliez les profils glamours et parfaits, et explorez plutôt des pages alternatives qui montrent un équilibre entre les défis et les joies liés au monde de l’équitation. 

Avec Facebook, Instagram est, de nos jours l’un des réseaux sociaux les plus populaires. Le monde équestre est omniprésent sur cette plateforme où les cavaliers échangent et partagent leurs modes de vie. Malene Charlotte Larsen, spécialiste des réseaux sociaux, Sanja Cheyenne Borchert, une de nos lectrices, et Anne Katerine Vallentin, influenceuse, vont se joindre à nous pour examiner le sujet complexe des réseaux sociaux. Avec elles, nous traiterons des avantages et inconvénients de ces réseaux, de manière à conscientiser le grand public, mais aussi transmettre nos connaissances et partager un sentiment d’unité, car personne ne doit se sentir seul dans cette immensité numérique.

Les réseaux sociaux 
Les termes « réseaux sociaux » désignent les plateformes établies en ligne et destinées à faciliter les connexions sociales. Ces plateformes sont apparues à la fin des années 1990, quand sont nés des groupes comme Six Degrees, Friendster ou encore MySpace, particulièrement populaires auprès des jeunes. À l’époque, on allait sur les réseaux depuis de gros ordinateurs fixes dans les bibliothèques ou les écoles. Depuis lors, la technologie s’est rapidement développée, les plateformes de réseaux sociaux sont devenues facilement accessibles sur portables – et cette évolution a poussé les chercheurs à étudier leurs effets sur les utilisateurs. Malene Charlotte Larsen est l’une des scientifiques qui a suivi de près le développement des réseaux sociaux, les stratégies qu’ils utilisent et les effets qu’ils ont sur les utilisateurs à travers le temps. Elle explique :  

« La recherche nous apprend que certaines personnes organisent inconsciemment leurs journées pour obtenir plus de ‘j’aime’, en fonction du nombre d’abonnés qu’ils ont et de la popularité de leurs publications précédentes. » 

Malene explique qu’un tel phénomène mène certaines personnes à publier différemment que s’il n’y avait pas de bouton « j’aime ». C’est là que la fameuse « Vie parfaite sur Instagram » entre en jeu. Malene explique aussi que beaucoup de contenu inauthentique inonde les profils de certains cavaliers en raison du design de l’application, qui ressemble à un mélange d’album photo et de journal intime. « Quand on fait un album personnel, on a tendance à ne choisir que les meilleures photos » explique Marlene.  

Il est tout à fait normal de vouloir partager son album ou son journal intime avec d’autres personnes, et Marlene souligne que, d’après certaines études, Instagram sert autant à partager des photos pour les revoir plus tard soi-même que pour les partager avec d’autres personnes. 

La communauté équestre  
Le monde de l’équitation est parfois synonyme de travail acharné, de problèmes, de défis, de saleté, de boue, de soucis de santé, de revers et d’échecs. Cependant, tout cela est éclipsé par les moments de joie, d’excitation, de tendresse, d’amour, de bonheur et de fierté que nous vivons aussi. 

Pour certains, malheureusement, les moments difficiles durent plus longtemps que prévu. Dans ce cas, des études montrent que le fait de pouvoir constater les bons comme les mauvais moments des autres et partager ses propres (més)aventures sur les communautés en ligne, joue un rôle crucial en termes de bien-être des utilisateurs. A contrario, il peut être démoralisant de ne voir que les accomplissements et la vie en apparence parfaite d’autres personnes quand tout ne se passe pas bien de son côté. 

Spirale infernale  
Sanka Cheyenne Borchert, une de nos lectrices, se reconnait dans ce phénomène. À 26 ans, la cavalière nous explique comment les réseaux sociaux ont modifié la manière dont elle travaille sa jument Oldenbourg de 6 ans, Chili, et la manière dont leur couple évolue. Parfois, elle a l’impression d’avoir « du retard » par rapport au stade « normal » d’évolution du travail et elle admet qu’elle compare ses progrès avec ceux d’autres cavaliers présents sur les réseaux sociaux.  

« Je me compare inconsciemment à des cavaliers de haut niveau et aux progrès qu’ils font avec leurs chevaux, et même si je sais qu’il est absurde de se comparer à eux, je m’en veux parfois de ne pas être au niveau, ou de ne pas encore avoir réussi à accomplir telle ou telle chose. » 

Cette spirale de la culpabilité est l’un des effets secondaires courants des réseaux sociaux. Elle peut mener à une baisse de la motivation et de l’estime de soi, ou encore à l’apparition de doutes et d’un sentiment d’isolement. Ces conséquences sont malheureusement bien connues. 

Sanja nous explique qu’elle est particulièrement malheureuse quand les entraînements avec Chili ne se passent pas bien. C’est dans ces moments-là qu’elle se compare aux publications et vidéos d’autres cavaliers dont toutes les séances ont l’air de bien se dérouler. Elle raconte qu’elle se sent parfois coupable vis-à-vis de son cheval : même si elle sait que Chili fait de son mieux, Sanja n’est pas toujours satisfaite de ses progrès ou de la performance de sa monture. 

Par Celine Bønnelykke // Photos: Kamilla Tworkowska 

Aujourd’hui, la plupart des gens sont sur leur téléphone plusieurs heures par jour. Sur tous les réseaux sociaux, ils sont bombardés de photos et de vidéos de ce qui ressemble à la « vie parfaite de cavalier ». Mais ce n’est pas toujours le reflet fidèle de la réalité. Or, il est inquiétant de constater à quel point cette représentation parfaite affecte les utilisateurs, et dans quelle mesure elle diffère de ce qu’on pourrait appeler « la vraie vie avec les chevaux ». 

– Pas si glamour après tout ? 

Le besoin de contenu authentique 
Anne Katrine Vallentin, influenceuse de 22 ans, a fait le pari de montrer au monde sa propre version de la vie avec les chevaux. Avec de son Fjord de 10 ans, Atom, ils rassemblent plus de 40 000 abonnés sur Instagram, et sont aussi présents sur Youtube et Tiktok. Anne Katrine s’adonne au cross et au CSO – Atom est donc un peu hors-normes, puisque les Fjords ne sont généralement pas associés à ces disciplines.  

Lors de notre entretien avec Anne Katrine, elle nous a expliqué qu’elle gère ses réseaux sociaux de manière à promouvoir du contenu authentique auquel un grand nombre de cavaliers peuvent s’identifier. Elle se souvient que, quand elle était jeune, elle était frustrée de voir toutes les plateformes en ligne inondées de cavaliers aux vies et aux chevaux parfaits. Personne n’avait de mauvaises journées ou de chevaux malades. Elle comparait ces profils avec sa vie et se disait que quelque chose n’allait pas chez elle.  

« Quand j’ai créé mon profil, j’ai vraiment voulu montrer tous les aspects de la vie de propriétaire, parce que je savais exactement ce que c’était d’être de l’autre côté de son écran. » 

Pour elle, il est important de pouvoir s’identifier avec ce que l’on voit sur les réseaux sociaux. C’est pourquoi elle publie aussi les moments où elle est démotivée, quand ses chevaux sont malades, quand elle chute, quand elle fait tomber des barres, mais aussi les moments où elle s’amuse et les aspects positifs de sa vie de cavalière.  

Publier du contenu « imparfait », est-ce-que ça fait peur ?  
« Oui, ça fait super peur, car c’est juste un aperçu d’expériences vécues dans la vraie vie. Je parle ouvertement du combat de mon cheval contre les ulcères d’estomac, et je sens que certaines personnes me jugent. Mais, la plupart du temps, les commentaires sont positifs. » 

Anne Katrine explique que, depuis qu’elle a partagé les symptômes de son cheval liés aux ulcères d’estomac, de nombreuses personnes lui ont dit que leurs propres chevaux avaient les mêmes symptômes et qu’elles comptaient donc les faire examiner par un vétérinaire. Ce genre de commentaires, explique-t-elle, la motive à partager d’autres situations difficiles et à se montrer vulnérable, au risque de recevoir des commentaires négatifs. 

Conseils liés aux réseaux sociaux  
« Je réponds généralement aux gens qui laissent des commentaires négatifs, parce que je veux pouvoir justifier pourquoi je fais ceci ou cela. » 

« Suivez votre instinct. Si on vous dit quelque chose de ridicule, ne laissez pas le commentaire vous atteindre. » 

Anne Katerine préfère les gens curieux qui demandent « Pourquoi fais-tu comme ça ? » plutôt que ceux qui accusent, qui reprochent ou qui laissent des commentaires négatifs. En effet, elle a alors l’occasion d’expliquer ses choix, et elle, tout comme la personne qui a posé la question, peuvent en apprendre davantage sur les chevaux. 

Quel est le principal avantage d’un profil authentique ?  
« Les réactions de mes abonnés, qui apprécient mon honnêteté et qui peuvent s’identifier à moi. Je veux encourager les cavaliers à montrer leur vraie vie. » 

Si vous cherchez du contenu auquel vous identifier, qui montre des imperfections, Anne Katrine recommande les comptes suivants : 

@lene_olesen  

@camillastormont  

@fjordhorseequestrian

Par Celine Bønnelykke // Photos: Kamilla Tworkowska 

Les conseils de Malene  

  • Reprenez le contrôle sur votre flux d’actualité 
    Pour ce faire, organisez ce flux de manière à mettre en avant du contenu qui correspond à vos besoins. Il peut par exemple être utile de suivre des cavaliers qui partagent aussi du contenu « imparfait ». 

  • Masquez certains profils 
    Prenez le temps de vous poser la question suivante : les personnes auxquelles je suis abonné m’aident-elles à me sentir mieux ? Si vous trouvez que vous désabonner complètement de certains comptes semble trop radical, vous pouvez masquer ces derniers pendant 30 jours et voir comment vous vous sentez au terme du mois écoulé. 

  • Prenez la parole  
    « Ce qui fonctionne bien, d’après moi, c’est de dire clairement à la personne visée : ‘ce commentaire m’a blessé’. Par ailleurs, il est important de se soutenir entre utilisateurs : si vous êtes témoin d’une situation similaire, ne vous contentez pas d’être un spectateur et dénoncez les comportements inacceptables. Cela aura un effet autorégulateur. » - Malene Charlotte Larsen  

Le monde équestre est relativement isolé : c’est une passion unique et les intérêts sont assez spécifiques, ce qui encourage un sens accru de la communauté mais induit aussi une vulnérabilité exacerbée. C’est un véritable cercle vicieux. D’un côté, on veut faire partie de la communauté, suivre les bonnes personnes et être au courant de leur actualité. Mais, de l’autre, cette tendance peut renforcer les ressentis évoqués par Sanja. Malene explique :  « Ce sentiment de ‘politiquement correct’ qu’on peut ressentir envers d’autres cavaliers peut parfois nous empêcher de supprimer son propre profil ou de se désabonner de certains comptes ». 

Malene et Sanja s’accordent sur le fait que suivre ces autres cavaliers peut aussi comporter des avantages, même si parfois, certaines pages peuvent déclencher des émotions négatives. 

« Je récupère des idées d’exercices et d’entraînements, mais aussi des astuces de soins aux chevaux, sur des pages de cavaliers expérimentés, voire de professionnels du milieu », explique Sanja. 

Dès lors, si les réseaux sociaux nous permettent d’un côté d’avoir de bonnes idées, de s’inspirer de personnes compétentes, mais de l’autre nous donnent l’impression de ne pas être à notre place et nous font culpabiliser, comment peut-on briser cette spirale infernale ?  

Comment Sanja gère ses réseaux sociaux  
Sanja trouve du réconfort et de l’inspiration en se connectant avec des personnes qui sont dans la même situation et qui ont la même approche qu’elle. Cela lui permet de garder les pieds sur terre et de se libérer de la mauvaise habitude qu’on peut avoir de se comparer aux profils en apparence parfaits. 

Essayez de ne pas vous comparer aux autres, même si ça peut parfois être utile. Mais connectez-vous surtout avec d’autres cavaliers qui partagent les mêmes expériences que vous et peuvent vous soutenir dans des situations comparables. 

N’oubliez pas qu’il n’y a pas de critères universels auxquels se comparer : vous êtes exactement là où vous devez être dans votre progression, votre aventure est unique.  

Restez fidèle à vous-même, donnez la priorité à votre propre développement et à celui de votre cheval. Vous n’avez rien à prouver à qui que ce soit. 

Suivez des pages qui publient du contenu réaliste et authentique. 

Oubliez les profils glamours et parfaits, et explorez plutôt des pages alternatives qui montrent un équilibre entre les défis et les joies liés au monde de l’équitation. 

Une nouvelle tendance : les hashtags militants
Récemment, des hashtags comme #bodypositive et #blacklivesmatter ont joué un rôle transformateur, en donnant à tout un chacun, et ce peu importe l’endroit où l’on se trouve, le pouvoir de se faire entendre en créant un véritable sentiment d’unité.

Malene Charlotte Larsen, spécialiste des réseaux sociaux, donne le conseil suivant : aidez-vous les uns les autres et ne vous contentez pas d’être simple spectateur. Si vous recevez des critiques non sollicitées ou si vous êtes victime de harcèlement, dites quelque chose, sensibilisez l’autre de manière respectueuse, et faites savoir à tous que de tels comportements sont inacceptables.

Ensemble, on peut faire changer les choses. Utilisez le hashtag #realhorsecontent (« contenu équestre authentique ») et publiez des moments véritables et authentiques de votre vie de cavalier. Soyez-en fier. On est tous dans le même bateau.

Avec Facebook, Instagram est, de nos jours l’un des réseaux sociaux les plus populaires. Le monde équestre est omniprésent sur cette plateforme où les cavaliers échangent et partagent leurs modes de vie. Malene Charlotte Larsen, spécialiste des réseaux sociaux, Sanja Cheyenne Borchert, une de nos lectrices, et Anne Katerine Vallentin, influenceuse, vont se joindre à nous pour examiner le sujet complexe des réseaux sociaux. Avec elles, nous traiterons des avantages et inconvénients de ces réseaux, de manière à conscientiser le grand public, mais aussi transmettre nos connaissances et partager un sentiment d’unité, car personne ne doit se sentir seul dans cette immensité numérique.

Les réseaux sociaux 
Les termes « réseaux sociaux » désignent les plateformes établies en ligne et destinées à faciliter les connexions sociales. Ces plateformes sont apparues à la fin des années 1990, quand sont nés des groupes comme Six Degrees, Friendster ou encore MySpace, particulièrement populaires auprès des jeunes. À l’époque, on allait sur les réseaux depuis de gros ordinateurs fixes dans les bibliothèques ou les écoles. Depuis lors, la technologie s’est rapidement développée, les plateformes de réseaux sociaux sont devenues facilement accessibles sur portables – et cette évolution a poussé les chercheurs à étudier leurs effets sur les utilisateurs. Malene Charlotte Larsen est l’une des scientifiques qui a suivi de près le développement des réseaux sociaux, les stratégies qu’ils utilisent et les effets qu’ils ont sur les utilisateurs à travers le temps. Elle explique :  

« La recherche nous apprend que certaines personnes organisent inconsciemment leurs journées pour obtenir plus de ‘j’aime’, en fonction du nombre d’abonnés qu’ils ont et de la popularité de leurs publications précédentes. » 

Malene explique qu’un tel phénomène mène certaines personnes à publier différemment que s’il n’y avait pas de bouton « j’aime ». C’est là que la fameuse « Vie parfaite sur Instagram » entre en jeu. Malene explique aussi que beaucoup de contenu inauthentique inonde les profils de certains cavaliers en raison du design de l’application, qui ressemble à un mélange d’album photo et de journal intime. « Quand on fait un album personnel, on a tendance à ne choisir que les meilleures photos » explique Marlene.  

Il est tout à fait normal de vouloir partager son album ou son journal intime avec d’autres personnes, et Marlene souligne que, d’après certaines études, Instagram sert autant à partager des photos pour les revoir plus tard soi-même que pour les partager avec d’autres personnes. 

La communauté équestre  
Le monde de l’équitation est parfois synonyme de travail acharné, de problèmes, de défis, de saleté, de boue, de soucis de santé, de revers et d’échecs. Cependant, tout cela est éclipsé par les moments de joie, d’excitation, de tendresse, d’amour, de bonheur et de fierté que nous vivons aussi. 

Pour certains, malheureusement, les moments difficiles durent plus longtemps que prévu. Dans ce cas, des études montrent que le fait de pouvoir constater les bons comme les mauvais moments des autres et partager ses propres (més)aventures sur les communautés en ligne, joue un rôle crucial en termes de bien-être des utilisateurs. A contrario, il peut être démoralisant de ne voir que les accomplissements et la vie en apparence parfaite d’autres personnes quand tout ne se passe pas bien de son côté. 

Spirale infernale  
Sanka Cheyenne Borchert, une de nos lectrices, se reconnait dans ce phénomène. À 26 ans, la cavalière nous explique comment les réseaux sociaux ont modifié la manière dont elle travaille sa jument Oldenbourg de 6 ans, Chili, et la manière dont leur couple évolue. Parfois, elle a l’impression d’avoir « du retard » par rapport au stade « normal » d’évolution du travail et elle admet qu’elle compare ses progrès avec ceux d’autres cavaliers présents sur les réseaux sociaux.  

« Je me compare inconsciemment à des cavaliers de haut niveau et aux progrès qu’ils font avec leurs chevaux, et même si je sais qu’il est absurde de se comparer à eux, je m’en veux parfois de ne pas être au niveau, ou de ne pas encore avoir réussi à accomplir telle ou telle chose. » 

Cette spirale de la culpabilité est l’un des effets secondaires courants des réseaux sociaux. Elle peut mener à une baisse de la motivation et de l’estime de soi, ou encore à l’apparition de doutes et d’un sentiment d’isolement. Ces conséquences sont malheureusement bien connues. 

Sanja nous explique qu’elle est particulièrement malheureuse quand les entraînements avec Chili ne se passent pas bien. C’est dans ces moments-là qu’elle se compare aux publications et vidéos d’autres cavaliers dont toutes les séances ont l’air de bien se dérouler. Elle raconte qu’elle se sent parfois coupable vis-à-vis de son cheval : même si elle sait que Chili fait de son mieux, Sanja n’est pas toujours satisfaite de ses progrès ou de la performance de sa monture. 

Aujourd’hui, la plupart des gens sont sur leur téléphone plusieurs heures par jour. Sur tous les réseaux sociaux, ils sont bombardés de photos et de vidéos de ce qui ressemble à la « vie parfaite de cavalier ». Mais ce n’est pas toujours le reflet fidèle de la réalité. Or, il est inquiétant de constater à quel point cette représentation parfaite affecte les utilisateurs, et dans quelle mesure elle diffère de ce qu’on pourrait appeler « la vraie vie avec les chevaux ». 

– Pas si glamour après tout ? 

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