
D’après les scientifiques, il est temps de remettre en question la pratique du sevrage artificiel
Un lien unique se forme entre la jument et son poulain.
Le sevrage peut être éprouvant pour le poulain et pour la jument. Pour faciliter le processus, il est possible de les laisser dans des prairies côte-à-côte.

La mastication du bois et des clôtures peuvent constituer des comportements stérétoypés induits par le sevrage précoce.
Un rôle actif dans le sevrage
Avec le temps, les poulains modifient leurs comportements et leurs interactions envers la jument. Des études ont démontré des variations individuelles parmi des jeunes d’une même race, ce qui peut être lié à la génétique ou aux expériences uniques vécues par chaque poulain. Dans l’ensemble, le processus naturel de sevrage est progressif et implique des modifications de l’alimentation, du comportement et des interactions sociales. Les variations de la distance jument-poulain et de la fréquence d’allaitement sont principalement du chef du petit, ce qui démontre, comme énoncé précédemment, que ce dernier joue un rôle actif dans le processus de sevrage. Chez les chevaux sauvages, le sevrage se fait à 9 ou 10 mois, bien plus tard donc que les 4 à 7 mois du sevrage artificiel.
Réimaginer le processus
Jusqu’à présent, les études existantes se concentraient sur la réduction du stress et des conséquences négatives qu’ont le sevrage sur le poulain et sa mère. Pour cette raison, les chercheurs déclarent avoir besoin de plus de connaissances sur le processus optimal de sevrage. Notre pratique du sevrage artificiel précoce doit évoluer si nous voulons obtenir des chevaux non traumatisés qui peuvent vraiment s’attacher à l’être humain. Les propriétaires de juments doivent comprendre les facteurs et les conséquences du sevrage artificiel. Dans la nature, aucun comportement de frustration ou de détresse n’est observé, ni chez le poulain ni chez la mère. Les conséquences comportementales chez le petit et la jument au cours du sevrage artificiel ne sont plus à prouver. Il est communément admis que les deux individus sont susceptibles de subir du stress pendant cette période. Nous devons nous demander si le sevrage artificiel est nécessaire ou si une nouvelle approche est envisageable.

Le sevrage ne se limite pas à l’aspect nutritif
Le sevrage des poulains ne constitue pas seulement un changement d’alimentation : il s’agit aussi de créer une base solide qui permet au jeune cheval d’apprendre à devenir adulte. Les chercheurs suggèrent que, pour survivre, les humains et d’autres mammifères ressentent naturellement le besoin de créer un lien fort avec un référent principal, la mère en général. Ils développent des relations stimulantes avec des référents constants et sensibles, avec lesquels ils se sentent en harmonie. Ces référents les aident à réguler leurs niveaux d’excitation et leur confèrent un sentiment de sécurité. Ce sentiment d’attachement sécurisant est indispensable à la croissance et au développement, mais aussi à l’apprentissage des normes sociales et à la gestion des relations.
Des traumatismes précoces, dus notamment au sevrage précoce, ainsi que d’autres perturbations du sentiment d’attachement peuvent affecter le comportement du cheval et sa relation avec les humains. Des études ont montré que de nombreux chevaux domestiqués ont subi des traumatismes précoces, et ce phénomène doit être pris en compte lors de l’interprétation de leur comportement et de leurs interactions avec nous.
Les conséquences à court terme du sevrage précoce
Le sevrage précoce peut influencer la santé physiologique du poulain et entrainer des comportements indésirables. Le petit appelle sa mère, et on peut l’entendre hennir de très loin. Il est sur le qui-vive et crottine plus souvent. Il a aussi tendance à plus se déplacer – certains jeunes tentent même de sauter la clôture. Ce comportement entraine des risques de blessures directement imputables au sevrage, surtout pendant les deux premiers jours.
Les conséquences cachées du sevrage précoce
Au fur et à mesure que la séparation se poursuit, cependant, le poulain est de moins en moins contrarié. Il peut cependant conserver un ressenti très négatif après cette perte, et son calme apparent peut en réalité être trompeur. Des changements de comportement peuvent en effet être constatés à plus long terme, tels que des modifications des habitudes alimentaires et de sommeil. Certains poulains peuvent devenir plus agressifs et arrêter de jouer. Parfois, ils sont tellement frustrés qu’ils essaient de téter leurs congénères.
Le sevrage, cause principale des comportements stéréotypés
Plusieurs études scientifiques désignent le sevrage comme cause principale des comportements stéréotypés et comme entrave au bien-être équin. Ainsi, lors d’une étude menée auprès de 225 jeunes chevaux sevrés à cinq mois, 30 % d’entre eux mâchaient du bois de manière anormale, et ce après dix semaines. En outre, 7 % des animaux étudiés ont adopté des comportements stéréotypés à l’âge d’un an et demi. De plus, les chercheurs ont remarqué que les chevaux stéréotypés éprouvaient plus de difficultés d’apprentissage que les chevaux sains.
Maintenir le lien
Par opposition à la pratique anxiogène de sevrage causée par la séparation artificielle de la jument et du petit, le sevrage naturel, observable chez les chevaux sauvages, est un processus paisible. C’est généralement le poulain qui l’initie, sans signe de rejet ou d’anxiété chez ce dernier ou chez la jument. Dans des conditions naturelles, les mères et leur jeune forment un lien étroit qui se tisse à la naissance. Au cours du premier mois de vie, les poulains dépendent grandement de leur mère pour s’alimenter et être protégés, et les deux individus ne se séparent jamais longtemps de plus de cinq mètres. Bien sûr, avec le temps, la relation jument-poulain évolue.
Le sevrage s’étale sur plusieurs mois
Le processus du sevrage est progressif. Il s’étale sur plusieurs mois et se caractérise par une augmentation progressive de la distance poulain-mère et une diminution continue de la fréquence et de la durée d’allaitement. Au cours de cette période, le petit adopte un régime alimentaire de plus en plus varié. Enfin, il tisse de plus en plus de relations sociales avec ses congénères. Dans leurs expériences, les chercheurs furent toutefois surpris de constater que la mère n’allaitait pas spécialement moins souvent le poulain pendant les deux semaines précédant le sevrage, et qu’elle ne rejetait pas plus souvent son petit quand celui-ci essayait de téter. D’ailleurs, après le sevrage, aucun jeune n’est retourné au pis de sa mère. Les chercheurs estiment ainsi que le sevrage se fait à l’initiative du poulain, qui décide lui-même d’arrêter de boire le lait maternel.
Par Merete Haahr Photos: Vielbauch - Thorsten Schneider & Kamila Tworkowska
Le sevrage est l’un des événements les plus stressants pour le poulain et pour sa mère. Initié par les humains, le sevrage artificiel a de nombreuses conséquences comportementales et physiologiques. Cependant, les spécialistes du comportement ont démontré que, dans la nature, le sevrage se fait beaucoup plus tard et n’engendre pas de stress. Dans un souci de bien-être animal, il est dès lors peut-être temps de remettre cette pratique en question.
La première année de vie constitue une période critique et sensible pour le poulain et la jument. L’influence qu’a la mère sur la sensibilité et les interactions sociales du nouveau-né contribue au développement à long terme des caractéristiques individuelles de ce dernier tout au long de sa vie. Dans les élevages, la plupart des poulains sont sevrés artificiellement entre 4 et 7 mois de vie en moyenne. Un groupe de chercheurs français et islandais a essayé de compiler toute la recherche existant sur le sevrage et d’en tirer une approche globale. De plus, ils ont mené une nouvelle étude sur le sevrage tel qu’il se déroule dans la nature. Ils ont ainsi découvert que le processus a lieu à l’âge de 9 ou 10 mois. Dans la nature, le sevrage est paisible, souvent initié par le poulain, sans signe de rejet ou de stress de sa part ou chez la mère. Les chercheurs estiment ainsi qu’il faudrait réexaminer le sevrage « traditionnel ». Il nous faut prendre en compte les incidences sur le bien-être du poulain et de la jument, et peut-être envisager les bienfaits d’une période plus longue avant la séparation.
Qu’est-ce que le sevrage ?
Le sevrage est largement reconnu comme étant l’épisode le plus traumatisant de la vie de tout animal. La séparation entre la mère et son petit signifie qu’ils ne peuvent plus se voir, s’entendre ou se toucher. Briser ce lien se fait généralement de manière abrupte, lorsque le petit est toujours très attaché à sa mère. En sevrant les poulains tôt, on les expose à plusieurs défis nutritifs, sociaux et environnementaux. De plus en plus d’études suggèrent que le sevrage peut avoir des répercussions néfastes graves à court terme et parfois à long terme également.
L’histoire du sevrage
La pratique du sevrage artificiel, qui consiste à séparer le petit de sa mère à quatre mois environ, remonte à la seconde moitié du 19e siècle. Les chercheurs avaient découvert que le lait de jument ne suffisait plus à satisfaire les besoins du poulain à partir de trois à quatre mois de vie. Il était donc admis qu’un sevrage précoce permettait d’optimiser le développement physique de ce dernier. La pratique courante du sevrage artificiel précoce s’est répandue parmi les éleveurs professionnels, puis par les amateurs propriétaires d’une ou deux juments. Compte tenu des connaissances actuelles relatives au bien-être des chevaux et des nouvelles options en matière de gestion et d’alimentation des chevaux, il n’y a plus de raisons de sevrer les poulains si tôt. Toutefois, la pratique est encore répandue chez les éleveurs pour des raisons pratiques et économiques. Malheureusement, certains arguments sont fondés sur des habitudes et des traditions plutôt que sur la perspective d’amélioration du bien-être des petits.
Évaluer le bien-être pendant le processus
Pour évaluer le bien-être des chevaux, la satisfaction des besoins émotionnels est tout aussi importante que la satisfaction des besoins physiques. The Five Domains Model, “Le modèle des cinq domaines”, est une structure scientifiquement fondée visant à évaluer le bien-être animal. D’après ce modèle, les animaux peuvent ressentir un spectre d’émotions positives et négatives. En outre, cette structure souligne le rôle crucial des expériences positives dans le bien-être de tout animal.
Comme son nom l’indique, le modèle couvre cinq domaines : la nutrition, l’environnement physique, la santé, le comportement et l’état mental.
En sevrant un poulain de manière artificielle, avant qu’il ne soit prêt, on compromet son bien-être dans les cinq domaines :
1. Tout d’abord, sa nutrition est compromise car il n’est peut-être pas encore capable de digérer complètement de la nourriture solide.
2. L’environnement du poulain est modifié étant donné qu’il ne peut plus rester avec sa mère et le troupeau.
3. Le sevrage peut compromettre la santé du poulain : cela l’expose à de nouveaux agents pathogènes et au stress.
4. Son comportement est affecté car il peut adopter des comportements stéréotypés : ronger les clôtures ou tiquer par exemple.
5. L’état mental du poulain en pâtit, puisqu’il ressent de la peur et de la détresse.






Le sevrage peut être éprouvant pour le poulain et pour la jument. Pour faciliter le processus, il est possible de les laisser dans des prairies côte-à-côte.

Un rôle actif dans le sevrage
Avec le temps, les poulains modifient leurs comportements et leurs interactions envers la jument. Des études ont démontré des variations individuelles parmi des jeunes d’une même race, ce qui peut être lié à la génétique ou aux expériences uniques vécues par chaque poulain. Dans l’ensemble, le processus naturel de sevrage est progressif et implique des modifications de l’alimentation, du comportement et des interactions sociales. Les variations de la distance jument-poulain et de la fréquence d’allaitement sont principalement du chef du petit, ce qui démontre, comme énoncé précédemment, que ce dernier joue un rôle actif dans le processus de sevrage. Chez les chevaux sauvages, le sevrage se fait à 9 ou 10 mois, bien plus tard donc que les 4 à 7 mois du sevrage artificiel.
Réimaginer le processus
Jusqu’à présent, les études existantes se concentraient sur la réduction du stress et des conséquences négatives qu’ont le sevrage sur le poulain et sa mère. Pour cette raison, les chercheurs déclarent avoir besoin de plus de connaissances sur le processus optimal de sevrage. Notre pratique du sevrage artificiel précoce doit évoluer si nous voulons obtenir des chevaux non traumatisés qui peuvent vraiment s’attacher à l’être humain. Les propriétaires de juments doivent comprendre les facteurs et les conséquences du sevrage artificiel. Dans la nature, aucun comportement de frustration ou de détresse n’est observé, ni chez le poulain ni chez la mère. Les conséquences comportementales chez le petit et la jument au cours du sevrage artificiel ne sont plus à prouver. Il est communément admis que les deux individus sont susceptibles de subir du stress pendant cette période. Nous devons nous demander si le sevrage artificiel est nécessaire ou si une nouvelle approche est envisageable.
Un lien unique se forme entre la jument et son poulain.
Le sevrage ne se limite pas à l’aspect nutritif
Le sevrage des poulains ne constitue pas seulement un changement d’alimentation : il s’agit aussi de créer une base solide qui permet au jeune cheval d’apprendre à devenir adulte. Les chercheurs suggèrent que, pour survivre, les humains et d’autres mammifères ressentent naturellement le besoin de créer un lien fort avec un référent principal, la mère en général. Ils développent des relations stimulantes avec des référents constants et sensibles, avec lesquels ils se sentent en harmonie. Ces référents les aident à réguler leurs niveaux d’excitation et leur confèrent un sentiment de sécurité. Ce sentiment d’attachement sécurisant est indispensable à la croissance et au développement, mais aussi à l’apprentissage des normes sociales et à la gestion des relations.
Des traumatismes précoces, dus notamment au sevrage précoce, ainsi que d’autres perturbations du sentiment d’attachement peuvent affecter le comportement du cheval et sa relation avec les humains. Des études ont montré que de nombreux chevaux domestiqués ont subi des traumatismes précoces, et ce phénomène doit être pris en compte lors de l’interprétation de leur comportement et de leurs interactions avec nous.
Les conséquences à court terme du sevrage précoce
Le sevrage précoce peut influencer la santé physiologique du poulain et entrainer des comportements indésirables. Le petit appelle sa mère, et on peut l’entendre hennir de très loin. Il est sur le qui-vive et crottine plus souvent. Il a aussi tendance à plus se déplacer – certains jeunes tentent même de sauter la clôture. Ce comportement entraine des risques de blessures directement imputables au sevrage, surtout pendant les deux premiers jours.
Les conséquences cachées du sevrage précoce
Au fur et à mesure que la séparation se poursuit, cependant, le poulain est de moins en moins contrarié. Il peut cependant conserver un ressenti très négatif après cette perte, et son calme apparent peut en réalité être trompeur. Des changements de comportement peuvent en effet être constatés à plus long terme, tels que des modifications des habitudes alimentaires et de sommeil. Certains poulains peuvent devenir plus agressifs et arrêter de jouer. Parfois, ils sont tellement frustrés qu’ils essaient de téter leurs congénères.
Le sevrage, cause principale des comportements stéréotypés
Plusieurs études scientifiques désignent le sevrage comme cause principale des comportements stéréotypés et comme entrave au bien-être équin. Ainsi, lors d’une étude menée auprès de 225 jeunes chevaux sevrés à cinq mois, 30 % d’entre eux mâchaient du bois de manière anormale, et ce après dix semaines. En outre, 7 % des animaux étudiés ont adopté des comportements stéréotypés à l’âge d’un an et demi. De plus, les chercheurs ont remarqué que les chevaux stéréotypés éprouvaient plus de difficultés d’apprentissage que les chevaux sains.

La mastication du bois et des clôtures peuvent constituer des comportements stérétoypés induits par le sevrage précoce.
Maintenir le lien
Par opposition à la pratique anxiogène de sevrage causée par la séparation artificielle de la jument et du petit, le sevrage naturel, observable chez les chevaux sauvages, est un processus paisible. C’est généralement le poulain qui l’initie, sans signe de rejet ou d’anxiété chez ce dernier ou chez la jument. Dans des conditions naturelles, les mères et leur jeune forment un lien étroit qui se tisse à la naissance. Au cours du premier mois de vie, les poulains dépendent grandement de leur mère pour s’alimenter et être protégés, et les deux individus ne se séparent jamais longtemps de plus de cinq mètres. Bien sûr, avec le temps, la relation jument-poulain évolue.
Le sevrage s’étale sur plusieurs mois
Le processus du sevrage est progressif. Il s’étale sur plusieurs mois et se caractérise par une augmentation progressive de la distance poulain-mère et une diminution continue de la fréquence et de la durée d’allaitement. Au cours de cette période, le petit adopte un régime alimentaire de plus en plus varié. Enfin, il tisse de plus en plus de relations sociales avec ses congénères. Dans leurs expériences, les chercheurs furent toutefois surpris de constater que la mère n’allaitait pas spécialement moins souvent le poulain pendant les deux semaines précédant le sevrage, et qu’elle ne rejetait pas plus souvent son petit quand celui-ci essayait de téter. D’ailleurs, après le sevrage, aucun jeune n’est retourné au pis de sa mère. Les chercheurs estiment ainsi que le sevrage se fait à l’initiative du poulain, qui décide lui-même d’arrêter de boire le lait maternel.

La première année de vie constitue une période critique et sensible pour le poulain et la jument. L’influence qu’a la mère sur la sensibilité et les interactions sociales du nouveau-né contribue au développement à long terme des caractéristiques individuelles de ce dernier tout au long de sa vie. Dans les élevages, la plupart des poulains sont sevrés artificiellement entre 4 et 7 mois de vie en moyenne. Un groupe de chercheurs français et islandais a essayé de compiler toute la recherche existant sur le sevrage et d’en tirer une approche globale. De plus, ils ont mené une nouvelle étude sur le sevrage tel qu’il se déroule dans la nature. Ils ont ainsi découvert que le processus a lieu à l’âge de 9 ou 10 mois. Dans la nature, le sevrage est paisible, souvent initié par le poulain, sans signe de rejet ou de stress de sa part ou chez la mère. Les chercheurs estiment ainsi qu’il faudrait réexaminer le sevrage « traditionnel ». Il nous faut prendre en compte les incidences sur le bien-être du poulain et de la jument, et peut-être envisager les bienfaits d’une période plus longue avant la séparation.
Qu’est-ce que le sevrage ?
Le sevrage est largement reconnu comme étant l’épisode le plus traumatisant de la vie de tout animal. La séparation entre la mère et son petit signifie qu’ils ne peuvent plus se voir, s’entendre ou se toucher. Briser ce lien se fait généralement de manière abrupte, lorsque le petit est toujours très attaché à sa mère. En sevrant les poulains tôt, on les expose à plusieurs défis nutritifs, sociaux et environnementaux. De plus en plus d’études suggèrent que le sevrage peut avoir des répercussions néfastes graves à court terme et parfois à long terme également.
L’histoire du sevrage
La pratique du sevrage artificiel, qui consiste à séparer le petit de sa mère à quatre mois environ, remonte à la seconde moitié du 19e siècle. Les chercheurs avaient découvert que le lait de jument ne suffisait plus à satisfaire les besoins du poulain à partir de trois à quatre mois de vie. Il était donc admis qu’un sevrage précoce permettait d’optimiser le développement physique de ce dernier. La pratique courante du sevrage artificiel précoce s’est répandue parmi les éleveurs professionnels, puis par les amateurs propriétaires d’une ou deux juments. Compte tenu des connaissances actuelles relatives au bien-être des chevaux et des nouvelles options en matière de gestion et d’alimentation des chevaux, il n’y a plus de raisons de sevrer les poulains si tôt. Toutefois, la pratique est encore répandue chez les éleveurs pour des raisons pratiques et économiques. Malheureusement, certains arguments sont fondés sur des habitudes et des traditions plutôt que sur la perspective d’amélioration du bien-être des petits.
Évaluer le bien-être pendant le processus
Pour évaluer le bien-être des chevaux, la satisfaction des besoins émotionnels est tout aussi importante que la satisfaction des besoins physiques. The Five Domains Model, “Le modèle des cinq domaines”, est une structure scientifiquement fondée visant à évaluer le bien-être animal. D’après ce modèle, les animaux peuvent ressentir un spectre d’émotions positives et négatives. En outre, cette structure souligne le rôle crucial des expériences positives dans le bien-être de tout animal.
Comme son nom l’indique, le modèle couvre cinq domaines : la nutrition, l’environnement physique, la santé, le comportement et l’état mental.
En sevrant un poulain de manière artificielle, avant qu’il ne soit prêt, on compromet son bien-être dans les cinq domaines :
1. Tout d’abord, sa nutrition est compromise car il n’est peut-être pas encore capable de digérer complètement de la nourriture solide.
2. L’environnement du poulain est modifié étant donné qu’il ne peut plus rester avec sa mère et le troupeau.
3. Le sevrage peut compromettre la santé du poulain : cela l’expose à de nouveaux agents pathogènes et au stress.
4. Son comportement est affecté car il peut adopter des comportements stéréotypés : ronger les clôtures ou tiquer par exemple.
5. L’état mental du poulain en pâtit, puisqu’il ressent de la peur et de la détresse.
Par Merete Haahr Photos: Vielbauch - Thorsten Schneider & Kamila Tworkowska
Le sevrage est l’un des événements les plus stressants pour le poulain et pour sa mère. Initié par les humains, le sevrage artificiel a de nombreuses conséquences comportementales et physiologiques. Cependant, les spécialistes du comportement ont démontré que, dans la nature, le sevrage se fait beaucoup plus tard et n’engendre pas de stress. Dans un souci de bien-être animal, il est dès lors peut-être temps de remettre cette pratique en question.
D’après les scientifiques, il est temps de remettre en question la pratique du sevrage artificiel




