


Où commencent les violences sexuelles ?

l vient vers moi et pose sa main dans le bas de mon dos pour le redresser, corrige la position de mes jambes et s’assure que je tiens bien à cheval. […] Tout est contrôlé à la perfection, mais les instructions de Jerry sont importantes pour moi quand je monte.
– Sophie Jahn

L’équitation et la relation avec le cheval sont des sujets chargés d’émotions, surtout chez les jeunes ; le lien avec la monture est très fort, l’admiration et le respect pour le moniteur sont omniprésents et l’importance du temps passé aux écuries est capitale. La perte de ce monde est tout simplement impensable, surtout pour les jeunes
– Sophie Jahn

- Créez un environnement de comportements respectueux au sein de vos infrastructures.
- Guettez les abus verbaux et physiques, ne fermez pas les yeux en cas de méfait.
- Remettez en question les moniteurs et leurs qualifications, surtout ceux qui s’occupent des enfants et des jeunes.
- En tant que gestionnaires de club, réglez le problème et désignez une personne de contact pour les cas de violences sexuelles.
- Formez-vous sur le sujet, notamment via les associations sportives locales : comment reconnaitre les agissements des agresseurs ?
- Créez un environnement hostile aux agresseurs. Vous pouvez par exemple mettre des affiches contre les violences sexuelles ou encore communiquer ouvertement sur ce sujet.
- Encouragez les jeunes à se protéger de ce genre de comportements.
- Mettez à jour les statuts de l’association : mentionnez clairement les comportements inacceptables et leurs conséquences, mettez en place un système de gestion des plaintes.
Comment les clubs et propriétaires d’écuries peuvent-ils éviter les violences sexuelles ?

- Remettez en question les qualifications du moniteur. Vérifiiez si le club ou l’école d’équitation adopte des mesures préventives : formations, personnes de contact etc.
- Observez attentivement le comportement du moniteur vis-à-vis des élèves : comment il leur parle ou encore comment il gère les contacts physiques.
- Accompagnez plus souvent vos enfants dans les écuries. Ne vous contentez pas de les déposer au club et de les récupérer une fois la leçon terminée.
- Écoutez les enfants et prenez-les au sérieux s’ils se confient à vous.
- Soyez attentifs aux changements de comportement chez l’enfant. Rassurez-les en leur disant que vous les croyez.
- Ein Täter-unfreundliches Umfeld schaffen, indem z.B. Poster gegen sexualisierte Gewalt und Missbrauch aufgehängt werden und das Thema offen kommuniziert wird.
- Contactez une ligne d’assistance téléphonique pour vous faire aider d’un professionnel.
Comment les parents peuvent-ils reconnaitre et éviter les violences sexuelles ?

Quand je lui apportais son café du matin, je trouvais parfois un jeune cheval dans sa chambre, qui avait dormi debout et crottiné sur le tapis pendant la nuit.
Sources
Leclerc, B., Proulx, J. & Beauregard, E. (2009): Examining the modus operandi of sexual offenders against children and its practical implications. Aggression and violent behavior.
Brackenridge, C. & Fasting, K. (2005): The Grooming Process in Sport: Narratives of Sexual Harassment and Abuse.
Fallstudie “Sexualisierte Gewalt und sexueller Kindesmissbrauch im Kontext des Sports“, 2012.
Deutsche Reiterliche Vereinigung FN
Case study “Sexualized violence and child sexual abuse in the context of sport”, 2019
Ce qui me motive, c’est le fait de raconter une histoire qui doit être racontée. Petite, je pensais être la seule à souffrir, j’avais l’impression d’avoir un poids énorme sur les épaules. En grandissant et en me libérant, j’ai compris qu’il s’agissait d’un problème universel chargé de préjugés. J’ai repris le contrôle, expliqué ce que j’ai vécu, et je pense que cela encourage d’autres victimes à sortir de la situation dans laquelle elles se trouvent, et cela peut aussi convaincre des tiers d’aider quelqu’un qui en a besoin. »
Donner suite aux soupçons
Comment gérer des soupçons ? Que faire quand notre instinct nous dit que quelque chose ne va pas ?
Quoi qu’il arrive, il ne faut en aucun cas minimiser un sentiment de malaise. Il faut le prendre au sérieux, c’est-à-dire, dans un premier temps, y faire face. Il n’est jamais bon d’ignorer son instinct. Dans des cas comme ceux-là, on a peur d’accuser la personne à tort. Il faut donc en parler à une personne consciente du problème. Cela peut être une personne de confiance au sein du club, par exemple. C’est toujours un bon début. Sinon, nous conseillons d’appeler un service d’assistance par téléphone. Il n’y a pas de règle quant au comportement parfait à adopter, car tous les cas sont uniques et différents. Si les soupçons se confirment, il est important de considérer les prochaines étapes avec beaucoup d’attention.
Dans le même ordre d’idées, Sophie donne le conseil suivant aux personnes dans de telles situations : « Trouvez des manières d’exprimer vos émotions sans vous mettre en danger. Si vous avez des amis proches, parlez-leur de votre ressenti et de ce qui se passe dans votre vie. Mettre des mots sur toutes ces émotions vous soulagera beaucoup. Ensuite, je vous recommande vivement de parler à un adulte qui saura vous écouter et vous donner des conseils. Puis, ce qui m’a bien aidée, ça a été d’écrire un journal intime. J’aimais beaucoup coucher mes émotions sur papier et pouvoir relire le tout par la suite. Mon dernier conseil serait de faire appel à une organisation d’aide aux victimes. »
Enfin, nous tenons à souligner que, même si le sujet est difficile à aborder, c’est important de le faire. Et une chose est sûre, fermer les yeux n’est pas la solution
Ce graphique montre que 75% des victimes d’agressions sexuelles, tous sports confondus, sont des femmes, alors que 22% sont des hommes.
Parmi toutes les personnes ayant subi des agressions sexuelles en contexte sportif, 60% y ont été exposées souvent, 28% à plusieurs reprises et 3% une seule fois-
3% | Une fois
28% | Plusieurs fois
60% | Souvent

Sexe des victimes
Fréquence des agressions sexuelles dans le sport
75% | Femmes 22% | Hommes 3% | Autres
- Des regards suggestifs
- Des commentaires désobligeants
- Des contacts physiques désagréables
- Des lettres, emails ou messages à caractère sexuel
- Des comportements exhibitionnistes
- Des agressions sexuelles
- Des viols
L’expression « violences sexuelles » englobe des formes de violences et l’exercice d’un pouvoir qui s’expriment par le biais d’actes sexuels.
Ces violences peuvent être verbales et/ou physiques et sont perpétrées contre le gré de la personne affectée. Par violences sexuelles, on entend notamment :

Il faut pouvoir parler ouvertement des choses. Les expressions sexualisées ne peuvent être tolérées ou ignorées. Toutes ces mesures créent une atmosphère qui compliquera clairement la tâche des agresseurs.
Lorsque les violences sexuelles deviennent visibles, il y a toujours plusieurs camps. Ceux qui soutiennent les victimes, ceux qui ont été aveuglés et ceux qui défendent l’agresseur car ils n’osent même pas envisager que de tels actes ont pu être commis. Il faut être conscient que ces différents groupes vont se former, c’est ce qui arrive dans la plupart des affaires d’abus. Dans tous les cas, il est crucial de demander une aide psychologique.
Même s’il est difficile de rendre ces situations de violence visibles, publiques, c’est absolument vital. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui a poussé Sophie à partager son histoire avec le monde entier. «
Seule une petite partie des victimes se confient à d’autres cavaliers du club, parfois parce qu’elles ont peur de la honte ou parce qu’elles se sentent responsables des abus. La peur de perdre sa place aux écuries et d’être perçu comme une personne déloyale entre également en jeu. Cependant, on remarque souvent l’absence d’un confident indépendant au sein des clubs – une personne vers qui se tourner en cas de problème. En outre, certains rapports font état de manque de réactivité voire de comportements défensifs de la part des clubs qui ont peur que de telles accusations entachent leur réputation.
Néanmoins, d’après Julia von Weiler, c’est précisément là où il faut agir pour éviter ces abus. « Dans les écuries où il est clair que les violences sexuelles ne sont pas un sujet tabou, les agresseurs ont bien plus de mal à agir. Il faut absolument désigner des personnes de contact en cas d’inquiétude ou de suspicion. Un accès à une assistance téléphonique est également bienvenu, comme une carte de visite à ramener à la maison ou des affiches avec des QR codes dans les écuries. Par ailleurs, le moniteur doit absolument demander l’autorisation à son élève avant tout contact physique.
Julia von Weiler explique également que la stratégie de l’agresseur est de créer progressivement un sentiment de dépendance. Soit en exploitant les points faibles des victimes, soit en prenant trop soin de ces dernières, ou encore en les isolant par l’intermédiaire de privilèges de plus en plus nombreux ou, enfin, via des tactiques de pression, de menaces et de chantage.
Dépasser les limites
Dans le premier exemple, il est très facile pour les auteurs de dépasser les limites verbalement, de faire des blagues déplacées ou de lancer quelques remarques sexistes. Cela étant dit, des personnes extérieures peuvent critiquer ce comportement si elles en sont témoins. Néanmoins, elles ont tendance à ne rien dire, car l’ambiance au club est toujours dite « détendue ». La proximité physique est aussi considérée comme totalement normale. Le moniteur corrige la position de la jambe ou de l’assiette, explique comment utiliser les aides du poids du corps ou encore des mains. Ce genre de comportement a généralement lieu aux yeux de tous, en piste, et personne ne semble surpris. Julia von Weiler raconte : « Si ces actes prétendument inoffensifs deviennent plus fréquents, l’élève ne dira certainement rien à personne. Ni à la maison par peur de ne plus avoir le droit d’aller au club, ni au club par peur de ne pas être cru ou aidé. »
De cette manière, les agresseurs surmontent aussi leurs propres inhibitions psychologiques, petit à petit. Tous les moniteurs savent ce qui est interdit. Ces étapes leur permettent de se justifier. L’enfant ou l’adulte ne perçoit pas les actions comme des abus. Il ou elle n’est pas sur la défensive, voire ne reconnait même pas que c’est mal.
Par ailleurs, pour l’auteur des faits, surmonter ses inhibitions physiques est relativement aisé. Plus les contacts sont évidents, plus ils durent longtemps, plus les remarques déplacées sont dites de manière décontractée, moins les victimes semblent être offensées. Et même si quelqu’un le remarque, personne ne dit rien. Les gens se disent qu’ils ont dû rêver, qu’ils sont trop sensibles ou ils ont honte d’évoquer un tel sujet.
C’est aussi ce que Sophie Jahn a enduré au sein de centre equestre tenue par ses parents. Durant la majorité de son enfance, elle a vécu un véritable enfer. Beaucoup pourraient penser que grandir dans un splendide centre equestre, avec des poneys très chers à monter tous les jours, c’est le rêve de n’importe quel jeune. Mais son père était violent et abusait de ses quatre enfants dans des proportions et par des biais inimaginables. Et personne n’a sauvé les enfants de cet enfer.
Quand nous lui avons demandé quel conseil elle donnerait aux personnes témoins de violences sexuelles en sports équestres, elle nous a répondu : « En tant qu’adultes, je pense que nous avons la responsabilité d’intervenir et d’apporter notre soutien. Dans mon cas, j’aurais apprécié qu’un adulte essaie de m’aider. Qu’il ou elle me montre que je pouvais lui faire confiance, et qu’il ou elle m’accorde un espace où j’aurais pu me sentir libre de parler. Je pense que de partager mon fardeau m’aurait déjà libérée d’un poids énorme. En outre, je conseille de parler au centre equestre, aux autorités, à la police etc., afin de s’assurer qu’ils soient au courant de la situation. »
Généralement, les agressions sex-uelles se mettent en place de manière très progressive. Psychologiquement comme physiquement, la violence se renforce, et les victimes s’y trouvent de plus en plus enfermées. Personne n’a conscience de l’ampleur du problème. Les cas avérés, publics et jugés ne représentent que la partie émergée de l’iceberg. D’après les experts, le nombre de cas non signalés est énorme.
Rendre les abus
visibles
Mais comment les jeunes peu-
ventils parler de ce qu’ils ont vécu, et comment peuvent-ils impliquer des personnes de confiance ? D’après Julia von Weiler, il est crucial que les victimes puissent s’ouvrir et se livrer à un tiers. La première chose à comprendre, et la plus importante, est la suivante : « Ce n’est pas ma faute, je ne suis pas responsable ». Ensuite, il faut prendre tout son courage et en parler autour de soi. Si c’est plus facile, il est possible de le faire en restant anonyme, par exemple en appelant un service d’assistance par téléphone.
Centre equestre, située près d’Ekerö, en Suède, est célèbre en raison de son apparition dans plusieurs documentaires, mais aussi dans la série télévisée Nattryttarna (Les Cavaliers de la nuit), dans des podcasts et dans le livre de Sophie Jahn intitulé Pappas flicka på hästgården La fille de son père aux écuries. L’histoire de Sophie lance un débat essentiel et sensibilise sur des sujets tels que la violence ou encore les agressions et abus sexuels dans le monde équestre.
Par Kerstin Schmidt // Photo: Shutterstock & Storytel
Ce sujet, tout sauf réjouissant, n’est pas particulièrement facile à aborder. Cependant, le harcèlement et la coercition sont indiscutablement présents dans les sports équestres également. La fédération allemande d’équitation s’est engagée à lutter contre les violences sexuelles dans le contexte des sports équestres depuis plus de dix ans. Dans d’autres pays, des auteurs de ce genre d’actes ont déjà été condamnés. En Suède, Sophie Jahn a publié un livre relatant son enfance dans les chevaux, marquée par la violence domestique, la manipulation et les agressions sexuelles commises par son propre père. Nous avons eu la chance de pouvoir poser à Sophie quelques questions, afin de mettre en lumière ce sujet difficile. Pour ce faire, nous avons également collaboré avec Julia von Weiler, une psychologue diplômée qui dirige aujourd’hui Innocence en Danger, une organisation internationale de protection de l’enfance contre les abus sexuels. Nous avons fait équipe avec elle pour répondre à certaines questions générales telles que « Comment faire face à un tel danger ? » ou encore « Que faire et où trouver de l’aide ? ».
Créer un sentiment de
dépendance
D’après Julia von Weiler, les auteurs de ces faits se servent du lien émotionnel entre le cheval et son cavalier, et ce de manière très ciblée. Les violences sexuelles ne sont généralement pas le résultat d’une simple impulsion – c’est un acte préparé petit à petit et avec prudence. Le schéma est généralement le même. D’abord, les agresseurs cherchent sur quel enfant ou quel adulte leurs méfaits pourraient fonctionner, comme par exemple des enfants en difficulté ou qui éprouvent une grande admiration pour leur moniteur. Ici, on parle d’enfants en difficulté lorsque la victime a des soucis à la maison, à l’école ou si elle vient de s’installer dans une nouvelle ville. Ces jeunes cherchent à établir des liens, à obtenir de la reconnaissance ainsi que de l’affection.
L’auteur des faits accorde une attention particulière à cet enfant, il peut par exemple lui faire des faveurs ou en prendre particulièrement soin. De cette manière, il crée une atmosphère très intense, prétendument basée sur la confiance. En équitation, on pourrait ainsi voir une victime qui a soudainement le droit de monter plus souvent son cheval préféré ou qui reçoit des leçons particulières supplémentaires. Ou encore des promesses de participations en concours. En bref, une série d’éléments dont rêvent tous les jeunes fans d’équitation. Pour eux, le rêve se rapproche. D’une part, cela crée une forme de dépendance et renforce, chez la victime, le besoin de plaire. D’autre part, il s’agit déjà de la première étape vers le chantage. Si tu ne fais pas ce que je te dis, je te retire tes privilèges, ce que les enfants et les ados veulent éviter à tout prix.
Sports équestres et abus
On n’en a jamais parlé, de ce que Jerry nous a fait subir. Les lendemains matins, après les agressions sur une ou plusieurs d’entre nous, personne ne parlait. Ce silence, c’était un peu de l’espoir – l’espoir que les événements de la veille ne se reproduiraient jamais. Mais en ne disant rien et en ne faisant rien, on l’a aidé à continuer.
Ne me touche pas !


60% | Souvent
28% | Plusieurs fois
3% | Une fois

Ce qui me motive, c’est le fait de raconter une histoire qui doit être racontée. Petite, je pensais être la seule à souffrir, j’avais l’impression d’avoir un poids énorme sur les épaules. En grandissant et en me libérant, j’ai compris qu’il s’agissait d’un problème universel chargé de préjugés. J’ai repris le contrôle, expliqué ce que j’ai vécu, et je pense que cela encourage d’autres victimes à sortir de la situation dans laquelle elles se trouvent, et cela peut aussi convaincre des tiers d’aider quelqu’un qui en a besoin. »
Donner suite aux soupçons
Comment gérer des soupçons ? Que faire quand notre instinct nous dit que quelque chose ne va pas ?
Quoi qu’il arrive, il ne faut en aucun cas minimiser un sentiment de malaise. Il faut le prendre au sérieux, c’est-à-dire, dans un premier temps, y faire face. Il n’est jamais bon d’ignorer son instinct. Dans des cas comme ceux-là, on a peur d’accuser la personne à tort. Il faut donc en parler à une personne consciente du problème. Cela peut être une personne de confiance au sein du club, par exemple. C’est toujours un bon début. Sinon, nous conseillons d’appeler un service d’assistance par téléphone. Il n’y a pas de règle quant au comportement parfait à adopter, car tous les cas sont uniques et différents. Si les soupçons se confirment, il est important de considérer les prochaines étapes avec beaucoup d’attention.
Dans le même ordre d’idées, Sophie donne le conseil suivant aux personnes dans de telles situations : « Trouvez des manières d’exprimer vos émotions sans vous mettre en danger. Si vous avez des amis proches, parlez-leur de votre ressenti et de ce qui se passe dans votre vie. Mettre des mots sur toutes ces émotions vous soulagera beaucoup. Ensuite, je vous recommande vivement de parler à un adulte qui saura vous écouter et vous donner des conseils. Puis, ce qui m’a bien aidée, ça a été d’écrire un journal intime. J’aimais beaucoup coucher mes émotions sur papier et pouvoir relire le tout par la suite. Mon dernier conseil serait de faire appel à une organisation d’aide aux victimes. »
Enfin, nous tenons à souligner que, même si le sujet est difficile à aborder, c’est important de le faire. Et une chose est sûre, fermer les yeux n’est pas la solution

Quand je lui apportais son café du matin, je trouvais parfois un jeune cheval dans sa chambre, qui avait dormi debout et crottiné sur le tapis pendant la nuit.
75% | Femmes 22% | Hommes 3% | Autres
Sexe des victimes
Parmi toutes les personnes ayant subi des agressions sexuelles en contexte sportif, 60% y ont été exposées souvent, 28% à plusieurs reprises et 3% une seule fois-
Fréquence des agressions sexuelles dans le sport
Où commencent les violences sexuelles ?
- Des regards suggestifs
- Des commentaires désobligeants
- Des contacts physiques désagréables
- Des lettres, emails ou messages à caractère sexuel
- Des comportements exhibitionnistes
- Des agressions sexuelles
- Des viols
L’expression « violences sexuelles » englobe des formes de violences et l’exercice d’un pouvoir qui s’expriment par le biais d’actes sexuels.
Ces violences peuvent être verbales et/ou physiques et sont perpétrées contre le gré de la personne affectée. Par violences sexuelles, on entend notamment :


Sources
Leclerc, B., Proulx, J. & Beauregard, E. (2009): Examining the modus operandi of sexual offenders against children and its practical implications. Aggression and violent behavior.
Brackenridge, C. & Fasting, K. (2005): The Grooming Process in Sport: Narratives of Sexual Harassment and Abuse.
Fallstudie “Sexualisierte Gewalt und sexueller Kindesmissbrauch im Kontext des Sports“, 2012.
Deutsche Reiterliche Vereinigung FN
Case study “Sexualized violence and child sexual abuse in the context of sport”, 2019
L’équitation et la relation avec le cheval sont des sujets chargés d’émotions, surtout chez les jeunes ; le lien avec la monture est très fort, l’admiration et le respect pour le moniteur sont omniprésents et l’importance du temps passé aux écuries est capitale. La perte de ce monde est tout simplement impensable, surtout pour les jeunes
– Sophie Jahn

- Créez un environnement de comportements respectueux au sein de vos infrastructures.
- Guettez les abus verbaux et physiques, ne fermez pas les yeux en cas de méfait.
- Remettez en question les moniteurs et leurs qualifications, surtout ceux qui s’occupent des enfants et des jeunes.
- En tant que gestionnaires de club, réglez le problème et désignez une personne de contact pour les cas de violences sexuelles.
- Formez-vous sur le sujet, notamment via les associations sportives locales : comment reconnaitre les agissements des agresseurs ?
- Créez un environnement hostile aux agresseurs. Vous pouvez par exemple mettre des affiches contre les violences sexuelles ou encore communiquer ouvertement sur ce sujet.
- Encouragez les jeunes à se protéger de ce genre de comportements.
- Mettez à jour les statuts de l’association : mentionnez clairement les comportements inacceptables et leurs conséquences, mettez en place un système de gestion des plaintes.
Comment les clubs et propriétaires d’écuries peuvent-ils éviter les violences sexuelles ?
- Remettez en question les qualifications du moniteur. Vérifiiez si le club ou l’école d’équitation adopte des mesures préventives : formations, personnes de contact etc.
- Observez attentivement le comportement du moniteur vis-à-vis des élèves : comment il leur parle ou encore comment il gère les contacts physiques.
- Accompagnez plus souvent vos enfants dans les écuries. Ne vous contentez pas de les déposer au club et de les récupérer une fois la leçon terminée.
- Écoutez les enfants et prenez-les au sérieux s’ils se confient à vous.
- Soyez attentifs aux changements de comportement chez l’enfant. Rassurez-les en leur disant que vous les croyez.
- Ein Täter-unfreundliches Umfeld schaffen, indem z.B. Poster gegen sexualisierte Gewalt und Missbrauch aufgehängt werden und das Thema offen kommuniziert wird.
- Contactez une ligne d’assistance téléphonique pour vous faire aider d’un professionnel.
Comment les parents peuvent-ils reconnaitre et éviter les violences sexuelles ?
Il faut pouvoir parler ouvertement des choses. Les expressions sexualisées ne peuvent être tolérées ou ignorées. Toutes ces mesures créent une atmosphère qui compliquera clairement la tâche des agresseurs.
Lorsque les violences sexuelles deviennent visibles, il y a toujours plusieurs camps. Ceux qui soutiennent les victimes, ceux qui ont été aveuglés et ceux qui défendent l’agresseur car ils n’osent même pas envisager que de tels actes ont pu être commis. Il faut être conscient que ces différents groupes vont se former, c’est ce qui arrive dans la plupart des affaires d’abus. Dans tous les cas, il est crucial de demander une aide psychologique.
Même s’il est difficile de rendre ces situations de violence visibles, publiques, c’est absolument vital. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui a poussé Sophie à partager son histoire avec le monde entier. «
Seule une petite partie des victimes se confient à d’autres cavaliers du club, parfois parce qu’elles ont peur de la honte ou parce qu’elles se sentent responsables des abus. La peur de perdre sa place aux écuries et d’être perçu comme une personne déloyale entre également en jeu. Cependant, on remarque souvent l’absence d’un confident indépendant au sein des clubs – une personne vers qui se tourner en cas de problème. En outre, certains rapports font état de manque de réactivité voire de comportements défensifs de la part des clubs qui ont peur que de telles accusations entachent leur réputation.
Néanmoins, d’après Julia von Weiler, c’est précisément là où il faut agir pour éviter ces abus. « Dans les écuries où il est clair que les violences sexuelles ne sont pas un sujet tabou, les agresseurs ont bien plus de mal à agir. Il faut absolument désigner des personnes de contact en cas d’inquiétude ou de suspicion. Un accès à une assistance téléphonique est également bienvenu, comme une carte de visite à ramener à la maison ou des affiches avec des QR codes dans les écuries. Par ailleurs, le moniteur doit absolument demander l’autorisation à son élève avant tout contact physique.
Julia von Weiler explique également que la stratégie de l’agresseur est de créer progressivement un sentiment de dépendance. Soit en exploitant les points faibles des victimes, soit en prenant trop soin de ces dernières, ou encore en les isolant par l’intermédiaire de privilèges de plus en plus nombreux ou, enfin, via des tactiques de pression, de menaces et de chantage.
Dépasser les limites
Dans le premier exemple, il est très facile pour les auteurs de dépasser les limites verbalement, de faire des blagues déplacées ou de lancer quelques remarques sexistes. Cela étant dit, des personnes extérieures peuvent critiquer ce comportement si elles en sont témoins. Néanmoins, elles ont tendance à ne rien dire, car l’ambiance au club est toujours dite « détendue ». La proximité physique est aussi considérée comme totalement normale. Le moniteur corrige la position de la jambe ou de l’assiette, explique comment utiliser les aides du poids du corps ou encore des mains. Ce genre de comportement a généralement lieu aux yeux de tous, en piste, et personne ne semble surpris. Julia von Weiler raconte : « Si ces actes prétendument inoffensifs deviennent plus fréquents, l’élève ne dira certainement rien à personne. Ni à la maison par peur de ne plus avoir le droit d’aller au club, ni au club par peur de ne pas être cru ou aidé. »
De cette manière, les agresseurs surmontent aussi leurs propres inhibitions psychologiques, petit à petit. Tous les moniteurs savent ce qui est interdit. Ces étapes leur permettent de se justifier. L’enfant ou l’adulte ne perçoit pas les actions comme des abus. Il ou elle n’est pas sur la défensive, voire ne reconnait même pas que c’est mal.
Par ailleurs, pour l’auteur des faits, surmonter ses inhibitions physiques est relativement aisé. Plus les contacts sont évidents, plus ils durent longtemps, plus les remarques déplacées sont dites de manière décontractée, moins les victimes semblent être offensées. Et même si quelqu’un le remarque, personne ne dit rien. Les gens se disent qu’ils ont dû rêver, qu’ils sont trop sensibles ou ils ont honte d’évoquer un tel sujet.
C’est aussi ce que Sophie Jahn a enduré au sein de centre equestre tenue par ses parents. Durant la majorité de son enfance, elle a vécu un véritable enfer. Beaucoup pourraient penser que grandir dans un splendide centre equestre, avec des poneys très chers à monter tous les jours, c’est le rêve de n’importe quel jeune. Mais son père était violent et abusait de ses quatre enfants dans des proportions et par des biais inimaginables. Et personne n’a sauvé les enfants de cet enfer.
Quand nous lui avons demandé quel conseil elle donnerait aux personnes témoins de violences sexuelles en sports équestres, elle nous a répondu : « En tant qu’adultes, je pense que nous avons la responsabilité d’intervenir et d’apporter notre soutien. Dans mon cas, j’aurais apprécié qu’un adulte essaie de m’aider. Qu’il ou elle me montre que je pouvais lui faire confiance, et qu’il ou elle m’accorde un espace où j’aurais pu me sentir libre de parler. Je pense que de partager mon fardeau m’aurait déjà libérée d’un poids énorme. En outre, je conseille de parler au centre equestre, aux autorités, à la police etc., afin de s’assurer qu’ils soient au courant de la situation. »
Généralement, les agressions sex-uelles se mettent en place de manière très progressive. Psychologiquement comme physiquement, la violence se renforce, et les victimes s’y trouvent de plus en plus enfermées. Personne n’a conscience de l’ampleur du problème. Les cas avérés, publics et jugés ne représentent que la partie émergée de l’iceberg. D’après les experts, le nombre de cas non signalés est énorme.
Rendre les abus
visibles
Mais comment les jeunes peu-
ventils parler de ce qu’ils ont vécu, et comment peuvent-ils impliquer des personnes de confiance ? D’après Julia von Weiler, il est crucial que les victimes puissent s’ouvrir et se livrer à un tiers. La première chose à comprendre, et la plus importante, est la suivante : « Ce n’est pas ma faute, je ne suis pas responsable ». Ensuite, il faut prendre tout son courage et en parler autour de soi. Si c’est plus facile, il est possible de le faire en restant anonyme, par exemple en appelant un service d’assistance par téléphone.

l vient vers moi et pose sa main dans le bas de mon dos pour le redresser, corrige la position de mes jambes et s’assure que je tiens bien à cheval. […] Tout est contrôlé à la perfection, mais les instructions de Jerry sont importantes pour moi quand je monte.
– Sophie Jahn

Centre equestre, située près d’Ekerö, en Suède, est célèbre en raison de son apparition dans plusieurs documentaires, mais aussi dans la série télévisée Nattryttarna (Les Cavaliers de la nuit), dans des podcasts et dans le livre de Sophie Jahn intitulé Pappas flicka på hästgården La fille de son père aux écuries. L’histoire de Sophie lance un débat essentiel et sensibilise sur des sujets tels que la violence ou encore les agressions et abus sexuels dans le monde équestre.
Par Kerstin Schmidt // Photo: Shutterstock & Storytel
Ce sujet, tout sauf réjouissant, n’est pas particulièrement facile à aborder. Cependant, le harcèlement et la coercition sont indiscutablement présents dans les sports équestres également. La fédération allemande d’équitation s’est engagée à lutter contre les violences sexuelles dans le contexte des sports équestres depuis plus de dix ans. Dans d’autres pays, des auteurs de ce genre d’actes ont déjà été condamnés. En Suède, Sophie Jahn a publié un livre relatant son enfance dans les chevaux, marquée par la violence domestique, la manipulation et les agressions sexuelles commises par son propre père. Nous avons eu la chance de pouvoir poser à Sophie quelques questions, afin de mettre en lumière ce sujet difficile. Pour ce faire, nous avons également collaboré avec Julia von Weiler, une psychologue diplômée qui dirige aujourd’hui Innocence en Danger, une organisation internationale de protection de l’enfance contre les abus sexuels. Nous avons fait équipe avec elle pour répondre à certaines questions générales telles que « Comment faire face à un tel danger ? » ou encore « Que faire et où trouver de l’aide ? ».
Créer un sentiment de
dépendance
D’après Julia von Weiler, les auteurs de ces faits se servent du lien émotionnel entre le cheval et son cavalier, et ce de manière très ciblée. Les violences sexuelles ne sont généralement pas le résultat d’une simple impulsion – c’est un acte préparé petit à petit et avec prudence. Le schéma est généralement le même. D’abord, les agresseurs cherchent sur quel enfant ou quel adulte leurs méfaits pourraient fonctionner, comme par exemple des enfants en difficulté ou qui éprouvent une grande admiration pour leur moniteur. Ici, on parle d’enfants en difficulté lorsque la victime a des soucis à la maison, à l’école ou si elle vient de s’installer dans une nouvelle ville. Ces jeunes cherchent à établir des liens, à obtenir de la reconnaissance ainsi que de l’affection.
L’auteur des faits accorde une attention particulière à cet enfant, il peut par exemple lui faire des faveurs ou en prendre particulièrement soin. De cette manière, il crée une atmosphère très intense, prétendument basée sur la confiance. En équitation, on pourrait ainsi voir une victime qui a soudainement le droit de monter plus souvent son cheval préféré ou qui reçoit des leçons particulières supplémentaires. Ou encore des promesses de participations en concours. En bref, une série d’éléments dont rêvent tous les jeunes fans d’équitation. Pour eux, le rêve se rapproche. D’une part, cela crée une forme de dépendance et renforce, chez la victime, le besoin de plaire. D’autre part, il s’agit déjà de la première étape vers le chantage. Si tu ne fais pas ce que je te dis, je te retire tes privilèges, ce que les enfants et les ados veulent éviter à tout prix.

On n’en a jamais parlé, de ce que Jerry nous a fait subir. Les lendemains matins, après les agressions sur une ou plusieurs d’entre nous, personne ne parlait. Ce silence, c’était un peu de l’espoir – l’espoir que les événements de la veille ne se reproduiraient jamais. Mais en ne disant rien et en ne faisant rien, on l’a aidé à continuer.
Sports équestres et abus
Ne me touche pas !
